Jean Dubuffet

gigatos | janvier 23, 2022

Résumé

Jean Dubuffet, né Jean Philippe Arthur Dubuffet (né le 31 juillet 1901 au Havre, mort le 12 mai 1985 à Paris) est un peintre et sculpteur français.

Jean Dubuffet, qui peut difficilement être assigné à un seul style, était avant tout un artiste qui rejetait consciemment les conventions créatives traditionnelles. Erudit, élevé sur des modèles classiques, en contact avec de nombreuses personnalités du monde artistique de son temps, reconnu par les peintres d »avant-garde, il a simultanément créé et entretenu des amitiés étroites avec les représentants de l »art brut (art de la marge), comme il appelait l »art non professionnel. Il a été le premier à le traiter sur un pied d »égalité avec l »art professionnel. Il s »intéressait particulièrement aux activités artistiques des malades mentaux et des enfants.

Enfance

La famille Dubuffet possédait une société de négoce de vins en Normandie, avec des succursales à Paris et à Alger. Le père, un excentrique au tempérament impulsif, passait une grande partie de son temps en dehors du travail, seul dans sa bibliothèque privée, dont les vastes collections étaient gardées sous clé. Sa mère, qui avait reçu une éducation catholique stricte, était considérée comme distante et hautaine. Jean a longtemps été enfant unique, sa petite sœur n »est née que lorsqu »il avait 9 ans.

Comme d »autres enfants dont les parents appartiennent à la classe bourgeoise française du début du XXe siècle, il fréquente une école classique qui met l »accent sur le catéchisme, le latin, le grec et l »allemand et comprend des cours de piano.

En 1908, il entre au Lycée du Havre. Il était le meilleur élève de sa classe parce qu »on l »exigeait de lui, et toute détérioration de ses études provoquait de véritables tempêtes familiales. Dans cette atmosphère rude, son seul allié est sa grand-mère paternelle, qui aime la peinture.

Enfant, timide et secret, se rebellant intérieurement non seulement contre les règles de la maison mais aussi contre celles qui régissent la vie sociale, il s »est enfermé dans son propre monde. Pendant cette période, et dans le plus grand secret de sa famille, il a créé un dictionnaire d »une langue indienne inexistante, a eu son propre musée où il a collectionné des fossiles et des minéraux rares, et a peint ses premiers tableaux.

Premiers contacts avec l »art

À l »âge de quinze ans, il commence à étudier le dessin et la peinture à l »Académie des Beaux-Arts du Havre. Découragé d »étudier les techniques de la copie, du dessin d »après modèle, il découvre l »impressionnisme, à la mode à l »époque, qui le captive. Il était également fasciné par la poésie de Baudelaire.

En 1918, il s »installe à Paris. Il s »inscrit à l »Académe Julian, qu »il abandonne au bout de six mois. Pour lui, qui vient de la province, c »est l »époque de toutes les fascinations : premières amours, voyages, découvertes littéraires. Cependant, il abandonne rapidement ses liens avec les bohémiens, manifestant sa désillusion en retournant à une vie normale ; c »est pourquoi il remplace ses cheveux longs et son chapeau noir à large bord par un casque d »ouvrier. Dans ses vues artistiques, il se rapproche des dadaïstes. Il a rencontré des peintres d »avant-garde : Suzanne Valadon, Raoul Dufy, et il découvre l »art de Pablo Picasso, dont le talent est alors à son apogée.

C »est à cette époque qu »il s »essaie à la gravure sur bois, plusieurs de ses œuvres sont publiées dans la revue Aventure comme illustrations de poèmes de Roger Vitrac. Il s »intéressait également à la littérature et à la musique. Il est impressionné par les représentations des Ballets russes de Diaghilev, dont les spectacles conquièrent Paris à l »époque, et il commence même à apprendre le russe.

Cependant, la richesse des sensations procurées par sa fréquentation du monde de l »art ne lui permet pas de créer sa propre forme d »expression. C »est en 1923 que Jean fait son service militaire à la station météorologique de la Tour Eiffel. Il y rencontre Clémentine R., une malade mentale visionnaire qui interprète les nuages du ciel qu »elle dessine. C »est cette tendance que Dubuffet appellera plus tard l »art brut.

Dans le cercle de l »entreprise familiale

Démobilisé en 1923, il est en crise à cette époque. Il se coupe du milieu artistique et ne veut plus devenir peintre. Sous prétexte de chercher un parent, il a pris un bateau pour Buenos Aires.

La nouvelle de la mort de ses grands-parents le retrouve en Argentine. En 1925, il décide de rentrer en France et de diriger l »entreprise. Jusqu »en 1933, il mène une vie de commerçant. Ces années sont marquées par des événements familiaux : son mariage avec Paulette, la naissance de leur fille, Islamina, et, auparavant, le décès de son père. En 1930, nostalgique des années de sa jeunesse, il s »installe avec sa famille à Paris, où il ouvre un commerce de vins en gros. Déjà à cette époque, il commençait à se lasser de son mode de vie sédentaire et ressentait le besoin de retourner à la peinture et à ses anciens amis. Il loue un studio où il passe de plus en plus de temps. Paulette, amère et ne pouvant plus faire face à ces changements soudains, est partie pour Le Havre avec Islamina.

Jean se consacre entièrement à la peinture, mettant l »entreprise en gestion. En 1937, il se marie en secondes noces avec Émilie Carlu, qui est beaucoup plus jeune que lui. La même année, la détérioration rapide de la situation financière de l »entreprise l »oblige à revenir au commerce du vin. Cette fois, il a abandonné la peinture pendant cinq ans.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il sert au fort de Saint-Cyr, puis travaille au ministère de l »aviation, d »où il est transféré à Rochefort pour insubordination. Après l »armistice de la France en 1940, il retourne à Paris. L »entreprise étant florissante à cette époque, il décide à nouveau en 1942 de la mettre en gérance.

Retour à la peinture

Dès lors, il se consacre exclusivement à l »art. Dans sa biographie, cette année est considérée comme une percée, car c »est seulement à ce moment-là que Dubuffet est né au public – un artiste dont les œuvres n »avaient jamais été exposées nulle part auparavant. Il avait 41 ans à l »époque.

Les contacts renouvelés avec le monde artistique donnent lieu à de nombreuses rencontres, son atelier est fréquenté par des peintres, des écrivains, des poètes, dont Paul Eluard, Jean Fautrier. Il était lui-même un invité fréquent de l »atelier de Fernand Mourlot, dont il a appris la technique de la lithographie. Il était fasciné par le jazz, en particulier par Louis Armstrong.

La première exposition personnelle de Jean Dubuffet en 1943 à la galerie du marchand d »art René Drouin a donné lieu à des évaluations contradictoires : certains l »ont salué comme un génie et le précurseur d »un nouveau courant artistique, tandis que d »autres, en particulier les critiques d »art, l »ont traité de charlatan et d »escroc.

Deux ans plus tard, il se rend en Suisse pour chercher des exemples d »art brut, principalement dans des hôpitaux psychiatriques. Dans l »une des institutions, il a rendu visite au poète Antonin Artaud et, avec l »aide de son psychiatre, a créé une série de tableaux dans la convention de l »art brut.

De retour à Paris, il revient à la lithographie et peint des portraits et des paysages urbains. Toutes ses expositions ont suscité la controverse.

En 1947, Dubuffet expose ses peintures à la galerie new-yorkaise de Pierre Matisse, le fils du grand peintre. Ils ont été très bien accueillis à l »étranger par les artistes appartenant à ce qu »on appelle l »expressionnisme abstrait, notamment par ses représentants les plus importants, Willem de Kooning et Jackson Pollock.

Un an plus tard, Dubuffet, André Gide et Jean Paulhan, qui l »accompagnent lors d »un voyage en Suisse, fondent la Compagnie de l »Art Brut.

La fin des années 40 est une période de fascination pour le désert. Il connaissait l »Algérie pour y avoir voyagé, avec ses parents, puis avec Paulette et enfin avec Émilie. Il a découvert le Sahara en 1947 et y est retourné deux fois au cours des années suivantes. Elle l »a séduit par son silence et ses grands espaces, et il a apprécié la simplicité de la vie bédouine. Il a commencé à apprendre l »arabe. Impressionné par ces séjours, il a créé une série de tableaux décrivant la vie des habitants du désert, intitulée Roses d »Allah, clowns du désert.

En 1951, il se rend aux États-Unis pendant six mois, où il rencontre, entre autres, Pollock et Duchamp. Après son retour en France, il se remet à la peinture avec enthousiasme et expérimente le son avec le peintre danois Asger Jorn.

En 1960, lorsqu »il a une exposition rétrospective au Musée des arts décoratifs de Paris, il est un peintre renommé et les invitations affluent de l »étranger.

Jean Dubuffet, qui n »aimait pas, et ne pouvait probablement pas, se limiter à un seul style, a étonné tout le monde par la constance avec laquelle il a réalisé, à partir de 1962 et pendant douze ans, sa célèbre série intitulée l »Hourloupe.

Parallèlement, dans un hôtel particulier de la rue de Sèvres, il organise sa collection d »art brut, écrit beaucoup, et crée des sculptures en polystyrène.

Ces dernières années

En septembre 1974, il arrête inopinément ses recherches de l »Hourloupe. Il avait 73 ans à l »époque, il était souffrant et souffrait d »une douleur lombaire aiguë. Cependant, les dix dernières années de sa vie ont été riches en nouvelles idées créatives. De nouveaux cycles ont été créés, parmi lesquels Crayonnages, Récits, Conjectures, Parachiffres, Mondanités, Lieux abrégés, Effigies incertaines, Théâtres de mémoire, Psychosiyes, Sites aléatoires, etc. Il y retrouve ses anciens sujets, paysages ruraux, portraits, images de la vie. Il s »éloigne des grands formats et de la peinture figurative. La série abstraite Mires (Goals) en est un exemple. Il s »est tourné vers le collage. Sa dernière série, datant de 1984, s »intitule Non lieux (Non-places).

Durant ces années, il est également impliqué dans un conflit avec Renault, qui dure depuis 1975. Après avoir travaillé pendant un an sur la conception du salon d »été de Renault, Dubuffet entre en conflit avec ses commanditaires. La direction ayant refusé la commande, l »artiste a intenté un procès à la société, qu »il n »a gagné qu »en 1983.

En 1985, il était déjà très malade et avait des difficultés à marcher. Il était si fatigué qu »il ne pouvait plus peindre. Il écrit ensuite sa biographie inédite, qu »il intitule Biographie au pas de course.

Il est décédé le 12 mai 1985 dans son appartement de la rue de Vaugirard, dans le 15e arrondissement de Paris.

1942-1946

En 1942, Jean Dubuffet décide finalement d »abandonner l »entreprise. Son opposition aux règles imposées dès son plus jeune âge ne concernait pas seulement la violence d »une armée étrangère (la France était alors sous occupation allemande), mais était également dirigée contre la société, guidée par les intérêts de la bourgeoisie. Depuis lors, il a toujours été un rebelle, ce qui, dans le domaine de l »art, s »est traduit par son intérêt pour les contre-cultures et sa rupture avec les canons esthétiques académiques.

Il s »est inspiré des marges de l »art, notamment des œuvres de malades mentaux et d »enfants. Il a peint avec un trait vif et des couleurs très expressives, utilisant une représentation primitive de ses sujets, abandonnant leur objectivité. Il a fait référence aux graffitis urbains. Les techniques qu »il utilisait étaient plus proches de l »atelier du maçon, les peintures étaient faites d »argile, la texture ressemblait à un mur, modelé par l »épaisseur d »une couche de pâte. Ils étaient presque dépourvus de couleur, boueux et d »une laideur criante. Il n »utilisait pas de pinceau, selon la consistance, il pétrissait la matière de toute sa main ou versait le mélange collant d »une certaine hauteur sur le sol, comptant sur un effet accidentel.

1946-1950

L »année 1946 marque un tournant apparent dans le travail de l »artiste. À l »instigation de Florence Goud, chez qui artistes et écrivains se réunissent tous les jeudis midi, il commence à peindre des portraits. Il regardait les invités de Florence lors des fêtes et reproduisait ensuite leur image de mémoire. Cependant, le portrait de Dubuffet n »adhérait pas non plus aux canons du genre. Dès le départ, il avait une vision pour l »exposition, qu »il a intitulée More Beautiful Than They Think, et a donc créé une série de portraits qui caricaturent les traits de personnalité des personnages. L »exposition a eu lieu à la galerie René Drouin. Elle s »accompagne d »une atmosphère de scandale, les milieux artistiques ridiculisés perçoivent négativement l »œuvre de Dubuffet.

1950-1961

Dans l »œuvre de Dubuffet, c »est une époque où l »on s »intéresse surtout à la nature morte. C »est ainsi qu »est née la série Sols et terrains, dans laquelle il a peint plusieurs petites séries sur une période de quatre ans. Les compositions monochromes abstraites sont une fois de plus concoctées à partir d »une pâte épaisse ressemblant à du mortier, qu »il modèle comme des couches de terre, de sable, de granulats, de pierres.La source de ses peintures géographiques est sa fascination pour l »Afrique, qu »il transfère sur la toile sous la forme de paysages abstraits. A la fin des années 50, il se tourne à nouveau vers l »abstraction, cherchant cette fois-ci son inspiration dans les sciences naturelles, les mathématiques, la physique, ses peintures sont, par exemple, le résultat de l »observation du monde à travers un microscope ou un télescope.

1961-1962

Après une décennie de recherche de la forme et de la matière, Dubuffet se tourne à nouveau vers la figuration et la couleur. En 1961, il commence la série Paris Circus. Abandonnant sa méthode scientifique et son austérité, il commence à peindre des scènes de la vie de la grande ville, mais à sa manière, en déformant les contours et les couleurs. Il voulait que la ville ait l »air folle et ressemble à une arène de cirque. Sa ville, comme ses portraits du passé, se voulait une caricature du mode de vie consumériste des Français. Il s »agissait d »une expression de la sympathie de Dubuffet pour le mouvement de l »Internationale Situationniste contre la société capitaliste. Il a écrit beaucoup d »inscriptions sur ses tableaux, il a donné à ses boutiques de peinture des noms absurdes, par exemple : Avec un nez pour les affaires, Banque déplorable, Père et fils canailles : fraudes de luxe, Banque suspecte, Agence inepte.

1962-1974. l » Hourloupe

L »Hourloupe, le plus célèbre des cycles de Dubuffet, a duré jusqu »en 1974. Il existe une anecdote liée à sa création, racontée par Max Loreau, ami de l »artiste :

En juillet 1962, Dubuffet parle au téléphone. En même temps, il machinait son stylo sur le papier. Les dessins inconscients sont devenus le début du cycle de l »Hourloupe. Le nom lui-même a été inventé par Dubuffet, par association avec des mots qui, selon lui, décrivaient bien le sujet des dessins : hurler (hurler), hululer (rugir), loup (loup), et avec le héros du conte de Perrault Riquet à la houppe et de la nouvelle Le Horla de Maupassant (évoquant des pensées de folie), ainsi qu »avec entourloupe (faire

Le monde de l »Hourloupe était subordonné à la seule fantaisie. Dépourvu de logique, il ressemblait à un puzzle dans sa forme, avec des formes bizarres mais reconnaissables de figures, de visages, d »écritures schématiques. D »innombrables cellules, remplies de lignes parallèles, collées les unes aux autres, formaient un immense puzzle ouvert.

En 1967, toujours avec le cycle de l »Hourloupe, l »artiste passe à des compositions tridimensionnelles. Cela a été possible grâce au développement rapide de la chimie industrielle, qui a mis sur le marché de nouveaux matériaux : résine synthétique, polystyrène, polyester. Sur cette base, Dubuffet a élaboré des projets (il s »agissait de formes architecturales : bâtiments, tours, jardins, escaliers), qu »il prévoyait de reproduire dans leur taille naturelle.

En 1971-1973, il prépare un spectacle Coucou Bazar avec des éléments mobiles, des décors, pour lequel il réalise lui-même les costumes. Abolissant la notion traditionnelle de spectacle, sa vision de la synthèse de l »art n »a pas produit l »effet escompté. Le spectacle n »a été monté que deux fois et n »a pas obtenu une grande reconnaissance.

Dans le même temps, il crée des constructions géantes fantaisistes en polystyrène qui, sur fond de gratte-ciel et de gratte-ciel, sont censées perturber l »architecture géométrique de la ville moderne.

1975-1985

En 1974, lorsqu »il abandonne brusquement le cycle de l »Hourloupe, il surprend tout le monde. Bien qu »il soit très malade, la dernière décennie a été riche en idées nouvelles, libérant l »énorme potentiel de l »imagination de l »artiste. À cette époque, il crée 13 nouvelles séries, réalise d »énormes collages en collant des éléments appartenant à différents cycles, revient à ses anciens thèmes, comme s »il faisait une rétrospective de toute son œuvre.

À la toute fin de sa vie, il a abandonné les grands formats. Ses œuvres expriment une rêverie philosophique sur le monde exprimée dans deux cycles abstraits de la série Mires.

opr. selon Les grands peintres. Jean Dubuffet, n° 134

Sources

  1. Jean Dubuffet
  2. Jean Dubuffet
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